Numéro 26.

Nous sommes en 1982, dans une casse automobile du Jura souabe. Werner Lachnit est à la recherche de pièces de rechange pour son tracteur. Son but : trouver les pièces en question et rentrer chez lui aussitôt. Mais soudain, il fait une découverte qui lui prend un petit plus de temps que prévu. Dans un coin sommeille un camion à plateau bleu-vert.

« Je ne savais pas vraiment quel modèle j'avais devant moi. J'ai seulement vu que le camion portait l'étoile Mercedes », se souvient M. Lachnit. Pour cet homme originaire d'Aalen, une chose était sûre : il lui fallait ce camion. Il a donc investi 500 Deutsche Mark de l'époque. « Le véhicule était en assez bon état. Je l'ai vu tout de suite ».

Malgré tout, M. Lachnit n'était pas très avancé face à son vieux camion. « Je n'avais pas de papiers et le numéro de type ne figurait pas non plus sur la porte » ! C'est le numéro de châssis qui l'a mis sur la voie. « Il commence par un 3, un 2 et un 9. Cela correspond à la série. J'aurais pensé qu'il s'agissait d'un 334. C'était le seul camion de ce type que je connaissais ».

Un heureux hasard a fait jaillir la lumière. A l'atelier, un client a reconnu le vieux camion. « Il se trouve que le véhicule avait jadis appartenu à une scierie de la région. L'homme connaissait même le chauffeur de l'époque ». Un samedi après-midi, M. Lachnit lui a rendu visite. « Bien entendu, il était ravi de savoir que son camion existait encore », se souvient-il. Depuis lors, M. Lachnit connaît toute l'histoire de son petit bijou.

Seuls 629 exemplaires du LP 329 sont sortis des chaînes de Gaggenau. Le camion de M. Lachnit date de la première année de fabrication, c'est-à-dire de 1957. D'après les archives du carrossier Wackenhut, il ressort que Werner Lachnit a fait l'acquisition du numéro 26.

La restauration complète du véhicule a demandé plusieurs années. Sur le moteur, rien ne manquait, hormis un joint de culasse neuf. Par contre, M. Lachnit a complètement refait le plateau. La cabine a aussi nécessité quelques tôles neuves. Par ailleurs, le réservoir présentait une fissure. « Un chariot élévateur avait dû le perforer lors de son séjour à la casse », suppose Werner.

Après sa restauration, le vieux camion n'a pas eu droit tout de suite aux égards des amateurs de véhicules anciens. « Les gens se demandaient pourquoi j'avais choisi un modèle à cabine avancée. Pour eux, à l'époque, les vieux camions devaient avoir un capot ». Lors du premier rassemblement de véhicules anciens auquel il a participé avec son LP 329, il a même dû se garer à l'extérieur, sur le parking. « Depuis, bien sûr, cela a bien changé », se félicite Werner.

Avec son superbe engin bleu-vert, M. Lachnit ne couvre pas de longs trajets. « Je gênerais les camions modernes », explique-t-il. Néanmoins, on le rencontre assez fréquemment au volant de son LP 329 lors de rassemblements de véhicules anciens dans le sud de l'Allemagne.